Menace terroriste sur la France? "Si l'Algérie a prévenu Paris, c'est que c'est sérieux"
Sur Le Post, le criminologue Xavier Raufer, auteur de nombreux ouvrages sur le sujet dont L'Enigme Al-Qaida, revient sur la médiatisation de la menace terroriste par le gouvernement. Avec un message en substance: si les Algériens ont vraiment mis en garde la France, la menace est à prendre au sérieux.
La France est-elle un pays particulièrement visé par les terroristes islamistes?
"Oui, et pour plusieurs raisons. Après le vote de la loi sur l'interdiction des signes religieux à l'école, j'ai eu souvent à expliquer dans le Moyen-Orient que cette loi ne visait pas que les musulmans, mais aussi les chrétiens, les sikhs, les mormons etc... Récemment, les choses ont changé à cause de la loi sur l'interdiction du niqab. Les fondamentalistes musulmans ont pu dire: cette fois-ci, c'est nous qui sommes visés. Ajoutez à cela l'engagement en Afghanistan et le rapprochement entre la France et Israël..."
Ces menaces sont en train de se renforcer?
"Déjà en 2008, un message sur Internet d'un dirigeant d'Al Qaida présentait une galerie de portrait des ennemis. Le numéro 2, Nicolas Sarkozy, était présenté en plus gros que George W. Bush, pourtant numéro 1. Quand le numéro 2 est plus gros que le numéro 1, ça veut dire quelque chose. La France est plus menacée que 80% des pays européens, avec l'Angleterre, qui a une forte population pakistanaise, et l'Espagne, pour des raisons géographiques."
Le gouvernement a-t-il raison d'accentuer sa communication autour de la possibilité d'un attentat?
"S'il y a un noyau de 3 fondamentalistes qui veulent faire sauter une bombe en région parisienne, oui. C'est utile d'attirer l'attention sur eux. Imaginez qu'une bombe explose et que le gouvernement n'ait rien dit?"
Sur quoi se motive le retour du terroriste dans le discours politique?
"Dans ces cas-là, on ne dispose pas de messages clairs. Tout juste a-t-on des renseignements, recueillis sur le terrain, parfois des conversations téléphoniques, des images satellite floues. Les ressources sur le terrain sont comme du pétrole brut qu'on raffine ensuite en les analysant. Et le politique n'a pas le choix entre une solution géniale et une solution idiote, mais juste entre différents types d'ennuis. Généralement, sur 5 ou 6 avis d'analystes, on en a 4 qui disent que ça peut dégénérer, et on doit prendre une décision."
Le fait que Brice Hortefeux ait précisé que ses informations venaient d'Algérie a-t-il une importance?
"Les experts algériens de l'islamisme sont les meilleurs au monde. Ils ont combattu les islamistes, ils les connaissent bien. Ce sont des gens avares de confidences. Si les informations du gouvernement viennent vraiment d'Algérie, c'est sérieux. Et si ce n'était pas vrai, les Algériens l'auraient fait savoir. Le fait que Brice Hortefeux mentionne l'Algérie sert à crédibiliser ce qu'il dit."
Les socialistes reprochent au gouvernement de ne pas monter le niveau du plan Vigipirate. Est-ce réalisable?
"Passer au niveau écarlate du plan Vigipirate reviendrait quasiment à déclencher l'état de guerre en France. Vu le contexte actuel de l'islamisme, ça me paraît peu probable qu'on ait affaire à une offensive organisée, en France comme au Sahel. Les islamistes ne vont pas bien: plusieurs groupes ont fait défection au Moyen-Orient, l'opinion publique ne leur est plus aussi favorable. Certes, ils continuent à enlever des gens au Sahel, mais ce n'est pas coordonné. Ce n'est plus Al Qaida d'il y a 10 ans, mais attention, on n'est pas à l'abri d'un coup d'éclat."
Est-il envisageable que ce soit une manoeuvre de diversion pour faire oublier l'affaire Woerth?
"Ce serait de la folie. Sauf à se suicider professionnellement, un homme politique y réfléchirait à 2 fois. Ca fait gagner 8 jours de répit, et quand ça se sait, c'est plusieurs années de pilonnage. Que le gouvernement ait surréagi, c'est possible, mais on n'est pas à leur place."
http://www.lepost.fr/article/2010/09/21/2229845_menace-terroriste-sur-la-france-si-l-algerie-a-prevenu-la-france-c-est-que-c-est-serieux.html#xtor=AL-235
Sur Le Post, le criminologue Xavier Raufer, auteur de nombreux ouvrages sur le sujet dont L'Enigme Al-Qaida, revient sur la médiatisation de la menace terroriste par le gouvernement. Avec un message en substance: si les Algériens ont vraiment mis en garde la France, la menace est à prendre au sérieux.
La France est-elle un pays particulièrement visé par les terroristes islamistes?
"Oui, et pour plusieurs raisons. Après le vote de la loi sur l'interdiction des signes religieux à l'école, j'ai eu souvent à expliquer dans le Moyen-Orient que cette loi ne visait pas que les musulmans, mais aussi les chrétiens, les sikhs, les mormons etc... Récemment, les choses ont changé à cause de la loi sur l'interdiction du niqab. Les fondamentalistes musulmans ont pu dire: cette fois-ci, c'est nous qui sommes visés. Ajoutez à cela l'engagement en Afghanistan et le rapprochement entre la France et Israël..."
Ces menaces sont en train de se renforcer?
"Déjà en 2008, un message sur Internet d'un dirigeant d'Al Qaida présentait une galerie de portrait des ennemis. Le numéro 2, Nicolas Sarkozy, était présenté en plus gros que George W. Bush, pourtant numéro 1. Quand le numéro 2 est plus gros que le numéro 1, ça veut dire quelque chose. La France est plus menacée que 80% des pays européens, avec l'Angleterre, qui a une forte population pakistanaise, et l'Espagne, pour des raisons géographiques."
Le gouvernement a-t-il raison d'accentuer sa communication autour de la possibilité d'un attentat?
"S'il y a un noyau de 3 fondamentalistes qui veulent faire sauter une bombe en région parisienne, oui. C'est utile d'attirer l'attention sur eux. Imaginez qu'une bombe explose et que le gouvernement n'ait rien dit?"
Sur quoi se motive le retour du terroriste dans le discours politique?
"Dans ces cas-là, on ne dispose pas de messages clairs. Tout juste a-t-on des renseignements, recueillis sur le terrain, parfois des conversations téléphoniques, des images satellite floues. Les ressources sur le terrain sont comme du pétrole brut qu'on raffine ensuite en les analysant. Et le politique n'a pas le choix entre une solution géniale et une solution idiote, mais juste entre différents types d'ennuis. Généralement, sur 5 ou 6 avis d'analystes, on en a 4 qui disent que ça peut dégénérer, et on doit prendre une décision."
Le fait que Brice Hortefeux ait précisé que ses informations venaient d'Algérie a-t-il une importance?
"Les experts algériens de l'islamisme sont les meilleurs au monde. Ils ont combattu les islamistes, ils les connaissent bien. Ce sont des gens avares de confidences. Si les informations du gouvernement viennent vraiment d'Algérie, c'est sérieux. Et si ce n'était pas vrai, les Algériens l'auraient fait savoir. Le fait que Brice Hortefeux mentionne l'Algérie sert à crédibiliser ce qu'il dit."
Les socialistes reprochent au gouvernement de ne pas monter le niveau du plan Vigipirate. Est-ce réalisable?
"Passer au niveau écarlate du plan Vigipirate reviendrait quasiment à déclencher l'état de guerre en France. Vu le contexte actuel de l'islamisme, ça me paraît peu probable qu'on ait affaire à une offensive organisée, en France comme au Sahel. Les islamistes ne vont pas bien: plusieurs groupes ont fait défection au Moyen-Orient, l'opinion publique ne leur est plus aussi favorable. Certes, ils continuent à enlever des gens au Sahel, mais ce n'est pas coordonné. Ce n'est plus Al Qaida d'il y a 10 ans, mais attention, on n'est pas à l'abri d'un coup d'éclat."
Est-il envisageable que ce soit une manoeuvre de diversion pour faire oublier l'affaire Woerth?
"Ce serait de la folie. Sauf à se suicider professionnellement, un homme politique y réfléchirait à 2 fois. Ca fait gagner 8 jours de répit, et quand ça se sait, c'est plusieurs années de pilonnage. Que le gouvernement ait surréagi, c'est possible, mais on n'est pas à leur place."
http://www.lepost.fr/article/2010/09/21/2229845_menace-terroriste-sur-la-france-si-l-algerie-a-prevenu-la-france-c-est-que-c-est-serieux.html#xtor=AL-235