La France accélère la transition en Afghanistan
Une année charnière commence pour le corps de 3750 soldats déployé par Paris. Objectif: marquer des points décisifs dans son secteur avant 2012.
Le drapeau afghan flotte sur le Cop Rocco, un poste avancé dans le district de Surobi, à l'est de Kaboul. Il remplace l'étendard tricolore depuis le 11 décembre dernier, quand une prise d'armes a été organisée entre l'Armée nationale afghane (ANA) et le bataillon Richelieu, conduit par le 2e régiment d'infanterie de marine. La France fait tout pour que la sécurité de ce secteur soit confiée aux Afghans à partir de la mi-2011.
La situation y est "globalement calme", estiment les militaires, à l'exception de quelques poches d'insurgés, en haute vallée d'Uzbin, où transitent des taliban venus du Pakistan. "L'objectif n'est pas d'éradiquer toute violence, explique un gradé. Ce serait irréaliste. Nous cherchons à en réduire l'intensité, afin que l'ANA puisse prendre le relais." Les 20 et 21 décembre 2010, pour la première fois, les Afghans ont mené ici une opération de bout en bout, avec les Français en soutien. L'ANA assurait la sécurité, tandis que la police procédait à la fouille de maisons soupçonnées d'abriter des insurgés. Le renseignement avait été fourni par les services afghans.
Plusieurs opérations semblables sont prévues d'ici au printemps, afin d'évaluer la capacité des forces de Kaboul. Des indicateurs de développement seront également pris en considération. Alain Juppé, le nouveau ministre de la Défense, souhaite que le processus soit engagé avant l'été. Dans ce conflit qui s'éternise, restituer aux Afghans ce secteur presque trois ans après l'embuscade de la vallée d'Uzbin, où dix soldats français sont morts, représenterait un symbole et un résultat tangible, que Nicolas Sarkozy pourrait afficher lors de la campagne présidentielle de 2012. "Cela tombe bien, reconnaît un haut gradé, mais ce calendrier a été fixé selon nos évaluations militaires, il y a près d'un an. Et nous ne l'avons pas modifié."
Les Français veulent profiter de l'hiver pour accentuer leur effort dans le district voisin de Tagab (province de Kapisa). Objectif: débloquer la route qui remonte du barrage de Surobi vers le nord du pays. Actuellement, à défaut de voie d'accès, des milliers de camions transitent chaque jour par Kaboul. La plupart des opérations se déroulent dans ce secteur, baptisé la "zone verte": des vergers au feuillage dense entourent de gros corps de ferme dont les murs en torchis sont percés de trous qui constituent autant de meurtrières. "C'est du combat urbain dans du bocage, relève un soldat. Pire que celui du Cotentin en 1944."
Basculer toute les forces en Kapisa
Les militaires français se heurtent à un solide bastion pachtoun, l'ethnie majoritaire du pays, au sein de laquelle recrutent les talibans. Les insurgés y semblent portés par un sentiment d'invincibilité, car aucune armée n'a atteint cette région - ni l'Alliance du Nord du défunt commandant Massoud ni les Soviétiques.
C'est ici que sont tombés, à la fin de décembre, un légionnaire et un marin des forces spéciales. Lors des affrontements, trois chefs talibans et une vingtaine de leurs partisans ont également été tués. La stratégie des Français a évolué. "Jusqu'à présent, nous devions grignoter le terrain peu à peu par des actions ciblées, souligne le colonel Bruno Heluin, chef du bataillon Richelieu. Aujourd'hui, nous avons choisi de prendre l'ascendant sur l'insurrection."
Des opérations sont menées en continu pour chasser les petits chefs locaux et profiter de la désorganisation de leurs groupes - de 10 à 50 combattants. C'est pourquoi Paris insiste pour transférer la zone de Surobi aux Afghans dès 2011, afin de basculer toutes ses forces en Kapisa. "Et si on n'y arrive pas, confie un haut gradé, il faudra se poser des questions."
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/asie/la-france-accelere-la-transition-en-afghanistan_949801.html#xtor=AL-447
Une année charnière commence pour le corps de 3750 soldats déployé par Paris. Objectif: marquer des points décisifs dans son secteur avant 2012.
Le drapeau afghan flotte sur le Cop Rocco, un poste avancé dans le district de Surobi, à l'est de Kaboul. Il remplace l'étendard tricolore depuis le 11 décembre dernier, quand une prise d'armes a été organisée entre l'Armée nationale afghane (ANA) et le bataillon Richelieu, conduit par le 2e régiment d'infanterie de marine. La France fait tout pour que la sécurité de ce secteur soit confiée aux Afghans à partir de la mi-2011.
La situation y est "globalement calme", estiment les militaires, à l'exception de quelques poches d'insurgés, en haute vallée d'Uzbin, où transitent des taliban venus du Pakistan. "L'objectif n'est pas d'éradiquer toute violence, explique un gradé. Ce serait irréaliste. Nous cherchons à en réduire l'intensité, afin que l'ANA puisse prendre le relais." Les 20 et 21 décembre 2010, pour la première fois, les Afghans ont mené ici une opération de bout en bout, avec les Français en soutien. L'ANA assurait la sécurité, tandis que la police procédait à la fouille de maisons soupçonnées d'abriter des insurgés. Le renseignement avait été fourni par les services afghans.
Plusieurs opérations semblables sont prévues d'ici au printemps, afin d'évaluer la capacité des forces de Kaboul. Des indicateurs de développement seront également pris en considération. Alain Juppé, le nouveau ministre de la Défense, souhaite que le processus soit engagé avant l'été. Dans ce conflit qui s'éternise, restituer aux Afghans ce secteur presque trois ans après l'embuscade de la vallée d'Uzbin, où dix soldats français sont morts, représenterait un symbole et un résultat tangible, que Nicolas Sarkozy pourrait afficher lors de la campagne présidentielle de 2012. "Cela tombe bien, reconnaît un haut gradé, mais ce calendrier a été fixé selon nos évaluations militaires, il y a près d'un an. Et nous ne l'avons pas modifié."
Les Français veulent profiter de l'hiver pour accentuer leur effort dans le district voisin de Tagab (province de Kapisa). Objectif: débloquer la route qui remonte du barrage de Surobi vers le nord du pays. Actuellement, à défaut de voie d'accès, des milliers de camions transitent chaque jour par Kaboul. La plupart des opérations se déroulent dans ce secteur, baptisé la "zone verte": des vergers au feuillage dense entourent de gros corps de ferme dont les murs en torchis sont percés de trous qui constituent autant de meurtrières. "C'est du combat urbain dans du bocage, relève un soldat. Pire que celui du Cotentin en 1944."
Basculer toute les forces en Kapisa
Les militaires français se heurtent à un solide bastion pachtoun, l'ethnie majoritaire du pays, au sein de laquelle recrutent les talibans. Les insurgés y semblent portés par un sentiment d'invincibilité, car aucune armée n'a atteint cette région - ni l'Alliance du Nord du défunt commandant Massoud ni les Soviétiques.
C'est ici que sont tombés, à la fin de décembre, un légionnaire et un marin des forces spéciales. Lors des affrontements, trois chefs talibans et une vingtaine de leurs partisans ont également été tués. La stratégie des Français a évolué. "Jusqu'à présent, nous devions grignoter le terrain peu à peu par des actions ciblées, souligne le colonel Bruno Heluin, chef du bataillon Richelieu. Aujourd'hui, nous avons choisi de prendre l'ascendant sur l'insurrection."
Des opérations sont menées en continu pour chasser les petits chefs locaux et profiter de la désorganisation de leurs groupes - de 10 à 50 combattants. C'est pourquoi Paris insiste pour transférer la zone de Surobi aux Afghans dès 2011, afin de basculer toutes ses forces en Kapisa. "Et si on n'y arrive pas, confie un haut gradé, il faudra se poser des questions."
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/asie/la-france-accelere-la-transition-en-afghanistan_949801.html#xtor=AL-447