Aleykom Assalam frère,
merci et bienvenu à toi sur ton cite
Il me semble que ce livre est interdit à la vente... Donc je ne pense pas qu'on puisse le trouver du moins facilement
Mais j'ai trouver un résumé ou plutôt une critique de ce livre par un journaliste français Léonard VINCENT :
Ce manuel taliban du nettoyage ethniquetf1.fr révèle l'existence d'un petit livre qui circule entre le Pakistan et l'Afghanistan : "Le Second porteur d'eau", un petit précis du nettoyage ethnique du pays. Le texte fait écho aux massacres de grande ampleur récemment commis à l'encontre des populations hazaras, que les fous d'Allah du ténébreux mollah Omar ont toujours niés.
Sur la couverture, une femme s'envole au cœur d'un voile translucide, sur fond de paysage de montagne. C'est un petit livre imprimé sur papier recyclé, écrit dans le dialecte que parlent les taliban, ces miliciens issus de l'ethnie pachtoune. Dans l'angle de la page, un petit macaron blanc estampille l'ouvrage d'une carte de l'Afghanistan et d'un livre ouvert, cernés par le nom allemand d'une association, la "Verein zur förderung der afghanischen kultur Germany" ou "Collectif d'aide à l'expansion de la culture afghane". Quant au texte à proprement parler, il s'agit tout bonnement d'un manuel du nettoyage ethnique. Après plusieurs dizaines de pages en forme de conte sur l'épopée nationale afghane et la légende d'Abibulla Kalakani le "porteur d'eau" — un guerrier tadjik d'origine modeste, qui avait tenu Kaboul d'une main de fer durant neuf mois, au XIXe siècle —, le texte devient technique. Il s'agit d'énoncer différentes "solutions" aux problèmes ethniques du pays, prônant sans détours le "nettoyage" des territoires insoumis et le déplacement des populations rebelles.
Catalogue de la terreur ethnique
Le livre énonce ainsi clairement, dans ses dernières pages, "quelques propositions pour empêcher la venue d'un troisième porteur d'eau et préserver l'unité nationale." Pour le commandant Massoud — un Tadjik du Panjshir accusé d'être le "second porteur d'eau" — et les peuples du nord qui l'ont rallié, le vocabulaire est choisi. "Les étrangers et leurs serviteurs ont créé dans le Panjshir des pensées hostiles envers les autres peuples du pays, énonce la 9ème proposition du Second porteur d'eau. Et pour qu'ils ne soient plus manipulés par les étrangers et qu'on n'abuse pas de la position géographique et militaire de cette région, celle-ci doit être nettoyée de ses habitants actuels, à qui l'on donnera des terres équivalentes dans le sud et l'ouest du pays." Le Panjshir agricole devrait donc être "nettoyé" des Tadjiks, lesquels se verraient attribuer des "terres équivalentes" dans les régions désertiques du sud.
S'agissant des Hazaras — chiites, comme les Iraniens, alors que les taliban sont sunnites —, le livre préconise de "couper la main de l'Iran de la région de Bamiyan", en faisant venir "des ethnies de l'est, du sud et du sud-est pour les y installer". Il s'agit donc d'éliminer la présence hazara du centre de l'Afghanistan pour la remplacer par des populations pachtounes. Tout cela, dit le livre, dans un souci "d'équilibre social". "Le gouvernement national a le droit de déplacer des peuples d'une région à une autre, énonce ainsi la 9ème proposition du livre, de manière définitive ou provisoire, si leur présence constitue une menace à l'unité nationale." On ne saurait mieux formuler le concept de nettoyage ethnique.
Mise en pratique et difficiles dénégations
De fait, lors de la chute de la ville afghane de Yakaolang, le 8 janvier 2001, les hommes adultes de l'ethnie hazara ont été massacrés par centaines par les taliban. Après le retrait des troupes du commandant Massoud, des groupes armés "ont arrêté quelque 300 hommes, des civils adultes, dont des membres d'organisations humanitaires, expliquait récemment un rapport de l'ONG américaine Human Rights Watch. Ils ont été conduits à des points de rassemblements dans le centre du district et dans plusieurs zones proches, où ils ont été abattus en public par des pelotons d'exécution." Même les délégations de villageois âgés, venus parlementer avec les miliciens intégristes, ont été passées par les armes. Le massacre a duré quatre jours.
"Lorsque les taliban ont reconquis le territoire hazara, a raconté à tf1.fr Mehraboddin Masstan, chargé d'affaires de l'ambassade d'Afghanistan à Paris, ils se sont fait accompagner par des bulldozers et des camions de dynamite. En plus d'avoir massacré les civils, ils ont rasé leurs villages." Les dignitaires taliban se sont empressés de dénoncer cette "conspiration" calomnieuse, sans toutefois donner accès au secteur aux observateurs de l'ONU. "Lorsque nous avons repris cette zone, expliquait ainsi innocemment le ministère taliban des Affaires étrangères dans un communiqué, nous avons découvert des corps de civils. Pourquoi les organisations de défense des droits de l'Homme ne protestent-elles pas contre l'opposition ?" Pourtant, il n'a pas fallu beaucoup d'imagination aux "étudiants en théologie" du mystérieux mollah Omar pour perpétrer ces rafles meurtrières : il leur suffisait de se référer au Second porteur d'eau.
Un opuscule célèbre entre Kaboul et Peshawar
Paradoxe ultime dans un pays où la littérature, la télévision, la musique, les cerfs-volants et les chaussettes blanches sont interdits, le livre est une référence, dans les milieux taliban. "Lorsque j'étais en Afghanistan, au cours de l'été 1999, mon interprète m'avait parlé de ce célèbre livre taliban qui circulait à Kaboul et à Peshawar, au Pakistan, se souvient le journaliste Florent Marcie, interrogé par tf1.fr. Après plusieurs jours de recherches infructueuses dans le Panjshir, un homme qui avait fui Kaboul au mois de mai m'en avait finalement donné un exemplaire."
L'opuscule — un parmi d'autres édités en Allemagne et véhiculant les mêmes idées — a été publié juste avant l'offensive taliban sur la plaine de Shamaly, donnant accès à la vallée du Panjshir, peu avant l'été 1998. Tiré à 500 exemplaires, si l'on en croit le nom de l'auteur mentionné en couverture, Le Second porteur d'eau aurait été rédigé par un homme se cachant derrière le pseudonyme passe-partout de Samsoor Afghan. Interrogées par tf1.fr, les autorités d'outre-Rhin affirment ne "rien trouver, tant à Berlin que dans les universités" sur le "Collectif d'aide à l'expansion de la culture afghane" signalé par le logo en première page du livre. Pourtant, la nébuleuse responsable de cette publication existe bel et bien, et constitue la base avancée des taliban en Europe
"En Afghanistan, j'avais fait traduire sommairement quelques passages du livre, se souvient encore Florent Marcie. Les propos qui y sont tenus m'ont littéralement stupéfié : ils décrivaient exactement ce dont je venais d'être témoin lors de l'attaque des taliban." Le mollah Omar et ses ministres auront beau faire toutes les dénégations qu'ils voudront, il semble bien que leurs réseaux à l'étranger parlent pour eux.
Fureur contre ce qui est étranger
D'autres découvertes attendent le lecteur attentif du Second porteur d'eau. Il s'agit, entre autres, selon le mystérieux auteur de l'opuscule, "d'étatiser la langue pachtou", de "faire venir des populations sans abris du sud, de l'ouest et de l'est" du pays pour les établir dans la zone-tampon entre la capitale et la vallée du Panjshir (6ème proposition) ou la ville de Bagram, de manière à "empêcher le pillage de Kaboul par les bandits venus du nord" (7ème proposition), de "redistribuer les terres du nord" (8ème proposition). Et de soumettre "toutes les œuvres culturelles et scientifiques" à une "commission qui les étudiera avec précision. Si elles véhiculent des théories qui vont à l'encontre du sunnisme hanafite [obédience des taliban, NDLR], elles ne doivent pas être autorisées à entrer dans le pays" (12ème proposition). Quitte à les en faire sortir, pourrait-on extrapoler, à coups de TNT ou d'obus de mortiers, comme les désormais disparus grands Bouddhas de Bamiyan.