WikiLeaks: Washington craint des représailles
«Des gens vont être tués à cause de cela, met en garde Michael Hayden, ancien directeur de la CIA. L’ampleur du dégât sera incalculable, au-delà de toute mesure.» Tandis qu’ils épluchent les 92 000 documents révélés par le site WikiLeaks, et tout en répétant qu’ils ne révèlent rien de très nouveau, les experts américains découvrent que ces carnets de guerre afghans pourraient avoir un impact plus grave qu’imaginé dans un premier temps.
WikiLeaks a mis en ligne ces documents sans prendre soin de biffer les noms des personnes citées, afghanes, américaines ou autres. Cette mise en ligne équivaut «à dresser une liste de cibles pour les talibans», s’insurge la députée démocrate Jane Harman, spécialiste des questions de sécurité : «Révéler nos sources et nos méthodes, c’est entraîner la mort de personnes réelles.» Le Times de Londres a notamment déniché l’interview d’un combattant taliban proposant ses services aux Américains, révélant les noms des chefs talibans locaux et signalant ceux qui pourraient faire défection. Le nom, le patronyme et le village de ce «traître» sont publiés. De même pour un haut fonctionnaire afghan qui, en 2007, donnait aux Américains les noms de ses collègues les plus corrompus.
Suspect. L’armée américaine a ouvert mardi une enquête criminelle sur la publication de ces archives. Son suspect numéro 1 reste le soldat Bradley Manning, 22 ans, déjà arrêté en mai pour s’être vanté sur un tchat d’avoir transmis à WikiLeaks un précédent document dévastateur pour l’armée américaine : la vidéo de soldats américains tirant à vue depuis leurs hélicoptères sur un groupe d’Irakiens, comme dans un jeu vidéo. Alors stationné en Irak, et chargé du renseignement pour sa brigade, le jeune Bradley Manning avait accès au SIPRNet (Secret Internet Protocol Router Network), le réseau interne sur lequel circulaient aussi les documents afghans retrouvés sur WikiLeaks. Mais ce réseau, le moins protégé de l’armée américaine, était aussi accessible à des milliers d’autres soldats, analystes et même contractants, qui pourraient tout aussi bien avoir fait fuiter ces comptes rendus.
Incognito. Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, assure ne pas savoir lui-même qui a livré ces carnets de guerre : les contributeurs de son site sont invités à fournir leurs documents incognito et sont protégés par plusieurs «murs» informatiques garantissant leur anonymat.
C’est dans cette ambiance que le Congrès a approuvé mardi soir une nouvelle enveloppe de 59 milliards de dollars pour les besoins de l’armée, notamment en Afghanistan. «Réveille-toi, Amérique. La publication par WikiLeaks des documents secrets nous donne 92 000 raisons de mettre fin à la guerre», a plaidé Dennis Kucinich, un des représentants démocrates les plus remontés contre cette guerre. Un nombre record de 102 élus démocrates ont voté contre ces nouveaux crédits. Mais l’opposition républicaine a apporté les voix manquantes et a ainsi assuré à Barack Obama la possibilité de poursuivre la guerre, comme si de rien n’était.
«Des gens vont être tués à cause de cela, met en garde Michael Hayden, ancien directeur de la CIA. L’ampleur du dégât sera incalculable, au-delà de toute mesure.» Tandis qu’ils épluchent les 92 000 documents révélés par le site WikiLeaks, et tout en répétant qu’ils ne révèlent rien de très nouveau, les experts américains découvrent que ces carnets de guerre afghans pourraient avoir un impact plus grave qu’imaginé dans un premier temps.
WikiLeaks a mis en ligne ces documents sans prendre soin de biffer les noms des personnes citées, afghanes, américaines ou autres. Cette mise en ligne équivaut «à dresser une liste de cibles pour les talibans», s’insurge la députée démocrate Jane Harman, spécialiste des questions de sécurité : «Révéler nos sources et nos méthodes, c’est entraîner la mort de personnes réelles.» Le Times de Londres a notamment déniché l’interview d’un combattant taliban proposant ses services aux Américains, révélant les noms des chefs talibans locaux et signalant ceux qui pourraient faire défection. Le nom, le patronyme et le village de ce «traître» sont publiés. De même pour un haut fonctionnaire afghan qui, en 2007, donnait aux Américains les noms de ses collègues les plus corrompus.
Suspect. L’armée américaine a ouvert mardi une enquête criminelle sur la publication de ces archives. Son suspect numéro 1 reste le soldat Bradley Manning, 22 ans, déjà arrêté en mai pour s’être vanté sur un tchat d’avoir transmis à WikiLeaks un précédent document dévastateur pour l’armée américaine : la vidéo de soldats américains tirant à vue depuis leurs hélicoptères sur un groupe d’Irakiens, comme dans un jeu vidéo. Alors stationné en Irak, et chargé du renseignement pour sa brigade, le jeune Bradley Manning avait accès au SIPRNet (Secret Internet Protocol Router Network), le réseau interne sur lequel circulaient aussi les documents afghans retrouvés sur WikiLeaks. Mais ce réseau, le moins protégé de l’armée américaine, était aussi accessible à des milliers d’autres soldats, analystes et même contractants, qui pourraient tout aussi bien avoir fait fuiter ces comptes rendus.
Incognito. Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks, assure ne pas savoir lui-même qui a livré ces carnets de guerre : les contributeurs de son site sont invités à fournir leurs documents incognito et sont protégés par plusieurs «murs» informatiques garantissant leur anonymat.
C’est dans cette ambiance que le Congrès a approuvé mardi soir une nouvelle enveloppe de 59 milliards de dollars pour les besoins de l’armée, notamment en Afghanistan. «Réveille-toi, Amérique. La publication par WikiLeaks des documents secrets nous donne 92 000 raisons de mettre fin à la guerre», a plaidé Dennis Kucinich, un des représentants démocrates les plus remontés contre cette guerre. Un nombre record de 102 élus démocrates ont voté contre ces nouveaux crédits. Mais l’opposition républicaine a apporté les voix manquantes et a ainsi assuré à Barack Obama la possibilité de poursuivre la guerre, comme si de rien n’était.